CZ et le défenseur de l’or Peter Schiff débattent vivement, Schiff demande une barre d’or à CZ en direct

Auteur : Frank, PANews

Lors du dernier segment de la Binance Blockchain Week, Changpeng Zhao (CZ), fondateur de Binance, a mené un débat approfondi en face à face avec le célèbre « sceptique du Bitcoin » et défenseur de l’or, Peter Schiff. Au cours de cette discussion, les deux protagonistes ont abordé de nombreux aspects de l’or et du Bitcoin, tels que la réserve de valeur, les attributs transactionnels et leur forme monétaire, donnant lieu à des échanges animés.

Fait surprenant, cet économiste qui critique depuis longtemps les cryptomonnaies, Peter Schiff, est monté sur scène avec son propre « projet de tokenisation ».

Les opposants au Bitcoin se tournent vers la tokenisation

L’ouverture du débat a été particulièrement théâtrale. Bien qu’il se trouvât sur le « terrain » de CZ, entouré de partisans des cryptomonnaies, Peter Schiff n’a pas montré le moindre signe d’appréhension. Plus intéressant encore, le débat n’a pas débuté par des accusations virulentes, mais par un « consensus » inattendu : la tokenisation de l’or.

Dès le début, CZ a souligné que, bien que Peter Schiff s’oppose depuis des années aux cryptomonnaies, il semble désormais travailler sur un projet de tokenisation de l’or. Peter Schiff a confirmé ce fait sans détour et s’est empressé de présenter avec enthousiasme son nouveau projet : un produit qui tokenise l’or via des titres.

À la fin de la présentation de Schiff, CZ a posé une question plus formelle : « Donc, si j’ai bien compris, la tokenisation de l’or est à bien des égards supérieure à l’or lui-même, car elle est divisible, transférable, transportable et sert de moyen d’échange. » Cette question visait directement à montrer que les critiques passées de Schiff envers les cryptomonnaies s’étaient érodées, lançant ainsi le véritable débat.

Face à cette attaque, Peter Schiff a fait preuve d’une grande maîtrise oratoire. Il a admis que « du point de vue de l’usage monétaire, c’est le cas » et a expliqué que la pratique de tokenisation de l’or existe depuis longtemps, mais que l’on peut aujourd’hui la digitaliser pour représenter cette « propriété de l’or ». Cette introduction a posé les bases d’un débat subtil, où les deux parties reconnaissent l’utilité de la technologie, tout en divergeant fondamentalement sur « la source de la valeur ».

Peter Schiff a ensuite changé de ton, affirmant que la monnaie fiduciaire, tout comme le Bitcoin, n’est « adossée à rien » et que seul l’or tokenisé est légitime, car il est soutenu par un actif physique. Selon lui, la valeur du Bitcoin repose uniquement sur la « croyance ».

CZ a rétorqué que l’internet, Google ou Twitter sont tous des entités virtuelles, sans existence physique, mais possèdent une immense valeur. Même si le Bitcoin n’existe pas physiquement (seulement sous forme d’enregistrements comptables), sa valeur découle de son utilité, de sa rareté et du consensus mondial.

CZ a ensuite pointé du doigt la faiblesse de l’or : son manque de portabilité. Il a sorti sur scène un lingot d’or de 1 kg offert par une personnalité du Kirghizistan (d’une valeur d’environ 130 000 dollars).

Lorsque CZ a demandé à Schiff d’authentifier le lingot, ce dernier, en bon amateur d’or, s’est montré prudent : « La couleur me semble un peu étrange… Sans connaître la marque de la fonderie, je ne peux pas confirmer son authenticité, il faudrait l’analyser. » Il a même plaisanté en demandant si le lingot pouvait lui être offert en cadeau.

Ce moment a constitué le point culminant de la session, illustrant parfaitement les contraintes des actifs physiques.

CZ en a profité pour lancer une réplique cinglante : « Si je vous donnais un Bitcoin, nous pourrions immédiatement vérifier sur la blockchain que vous l’avez bien reçu. Mais ce lingot d’or, même un expert comme vous ne peut pas en garantir l’authenticité sur place, et il m’est impossible de le transporter facilement à l’étranger. »

Débat sur la valeur : qu’est-ce que la vraie monnaie ?

Au cœur du débat, la question essentielle est posée : qu’est-ce que la véritable monnaie ?

CZ a souligné que, bien que l’or soit rare, sa quantité totale nous est inconnue et il pourrait un jour exister une « alchimie » permettant de le produire à l’infini. En revanche, le Bitcoin est limité à 21 millions d’unités, un principe connu de tous. De ce point de vue, la rareté du Bitcoin en tant que « monnaie » est indiscutable.

Mais Peter Schiff estime que, même si le Bitcoin est rare, le nombre de nouveaux tokens créés dans le monde est illimité. Il ajoute que, pour l’instant, le Bitcoin est surtout utilisé à des fins spéculatives, et très peu de gens l’utilisent comme une véritable monnaie.

Le débat s’est alors orienté vers l’usage de ces deux actifs comme « monnaie » : le paiement. Pour prouver que les cryptomonnaies sont déjà utilisées pour payer, CZ a présenté la Binance Card. Schiff a répliqué que cela revient simplement à convertir du Bitcoin en monnaie fiduciaire pour payer les commerçants, les utilisateurs « liquidant leurs actifs » au lieu d’utiliser véritablement le Bitcoin comme monnaie.

CZ a rétorqué qu’en termes d’expérience utilisateur, il s’agit bien d’un paiement et que cela résout le problème de l’acceptation par les commerçants. Il a partagé l’histoire d’un utilisateur africain : avant les cryptomonnaies, il fallait marcher trois jours pour payer une facture ; désormais, cela ne prend que trois minutes. Voilà la véritable utilité technologique du Bitcoin.

Le rendement du Bitcoin inférieur à celui de l’or ?

Lorsque la discussion a abordé la question du rendement des investissements, l’affrontement s’est intensifié.

Peter Schiff a lancé un chiffre percutant : en or, le prix du Bitcoin a chuté de 40% par rapport à il y a quatre ans. Selon lui, malgré les ETF, les publicités du Super Bowl, l’adoption comme monnaie légale au Salvador et de nombreux autres événements favorables, le Bitcoin n’a pas réussi à dépasser son précédent sommet, ce qui marque l’éclatement de la bulle. Il a qualifié le Bitcoin de « pure spéculation », estimant que les acheteurs ne font que jouer au greater fool. Même lorsque CZ a fait valoir qu’à plus long terme, le Bitcoin est passé de 0,05 $ à 100 000 $, surpassant largement l’or, Peter Schiff a choisi d’ignorer cet argument.

CZ a alors demandé à Peter Schiff s’il préférait le Bitcoin ou l’or. Schiff a répondu de manière controversée : « Il est bon que les jeunes perdent de l’argent avec le Bitcoin, car cela leur apporte une leçon précieuse. Il vaut mieux perdre de l’argent jeune que vieux, cela leur apprendra à investir prudemment à l’avenir. »

CZ a répliqué avec humour : « Je connais beaucoup de personnes qui ont acheté du Bitcoin très tôt et qui ont maintenant gagné des centaines de millions ou même des milliards. Ils peuvent être mes voisins parce qu’ils ont vendu une partie de leurs Bitcoins pour s’acheter une maison là-bas. »

CZ a ensuite minimisé la volatilité à court terme, insistant sur le fait que, sur le long terme, le Bitcoin a connu une ascension fulgurante, passant de zéro à plusieurs dizaines de milliers de dollars, ce qui est déjà un immense succès. Il a rejeté l’idée de résumer tout l’écosystème à des « spéculateurs », rappelant qu’il existe aussi de nombreux bâtisseurs et utilisateurs réels.

Schiff a même prédit qu’avec la récente hausse de l’or après douze ans de stagnation, les investisseurs délaisseraient le Bitcoin pour revenir à l’or, provoquant un effondrement du prix du Bitcoin. CZ s’est montré réservé, considérant cela comme un point de « divergence d’opinions ».

Bien que leurs positions soient diamétralement opposées, le débat est resté centré sur la question de la valeur. Malgré ses mots durs, Schiff a reconnu s’être trompé dans ses prédictions sur le prix du Bitcoin (il n’aurait jamais imaginé une telle hausse).

En tant qu’hôte, CZ a fait preuve d’une grande ouverture d’esprit. Non seulement il a proposé d’organiser un débat entre Schiff et Michael Saylor (fondateur de MicroStrategy), mais il a aussi souhaité plein succès au projet de tokenisation de l’or de Schiff :

CZ : « Bienvenue dans le monde de la blockchain et du numérique. Bien sûr, j’ai une opinion très différente : je pense que l’or se portera bien, mais que le Bitcoin fera encore mieux. »

Ce débat n’a pas eu de vainqueur absolu, il ressemble davantage à un reflet de notre époque : les actifs physiques traditionnels cherchent à s’adapter à la vague numérique, tandis que les nouveaux actifs numériques s’efforcent de prouver leur statut monétaire face au scepticisme.

Comme l’a dit Schiff sur scène : « La pièce est petite, mais il y a beaucoup de monde à l’étage. » Qu’il s’agisse d’or ou de Bitcoin, tous deux se disputent l’avenir financier bien plus vaste de « l’étage supérieur ».